Les Semis

Dans certaines civilisations, la monnaie d’échange n’est autre que des graines. Et pour cause ! Quand on sème des graines, on enrichit nos sols : à l’inverse d’une pensée trop souvent entendue, la plante n’épuise pas les sols, bien au contraire, elle les nourrit. En captant l’azote et le carbone présent dans l’air, tout comme des minéraux dans le sol, la plante crée de la matière qui sera libéré dans le sol et qui nourrira les champignons et bactéries. En échange, ces derniers fourniront des sels et des minéraux, qui intégreront à nouveau le cycle du vivant.

Nous avons commencé à semer nos premières graines dans les vignes du domaine en 2015. Au début, comme beaucoup, on a pas mal tâtonné, et nos semis n’étaient pas très réussis. La raison principale ? Nous avions acheté nos graines : celles-ci viennent systématiquement de zones très riches, par exemple des champs de culture proches de rivières, et se retrouvent soudainement au beau milieu des vignes, en milieu très concurrentiel. Avec du recul, rien d’étonnant à ce que ces premiers semis n’aient donné que des plantes rachitiques...

Nous avons persévéré, et sommes partie en observation chez des papys voisins, puis en exploration, en forêt notamment. C’est bien connu, cette dernière est l’organisme naturel le plus équilibré : on y trouve des lisières, de la prairie, des animaux, de la litière... Originellement, la vigne est justement une plante de lisière : toute la question est de lui permettre de retrouver cet environnement... Alors on a cessé d’acheter nos graines, et on est parti en glaner directement dans la nature, ou chez des amis. On a compris qu’il fallait une grande diversité, et qu’il fallait mieux connaître toutes ces différentes espèces. Par exemple, on a remarqué que le radis fonctionnait avec un gros décalage : il n’a donné des résultats probants qu’un an plus tard, avec un effet pivot très en profondeur !